Petite mère du marché de Bourg

Claude Ogiz, petite mère du marché de Bourg

 

 

Textes et musiques: Claude Ogiz
Accordéon: Freddy Balta
Flûte: André Stauffer
Guitare: Raphael Waeber
Contrebasse: Léon Francioli
1972

 

 

Le nouveau disque

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La fumée

Une fumée traîne partout,
Entre le monde des vivants
Et des serpents qui se désossent
Au bord des rivières d'argent

C'est une brume jaune et verte
Une haleine venue d'avant
D'après ou peut-être d'ailleurs
Qui fait courir les pauvres gens

C'est un orage de silence
Qui éteint les cris à la gorge
Mêlé de haine et de flocons
De neige noire comme du sang

Elle s'en vient de nos dragons
Et du fond des immenses forges
Où l'on s'essouffle à fabriquer
Des étoiles pour les enfants

Ils ont dormi dans des abris
Ils seront morts demain matin
Le soleil est resté couché
Dans un recoin de paradis

Une fumée traîne partout
Entre le monde des lutins
Et des serpents qui se désossent
Au bord des rivières taries

C'est un brouillard trop épaissi
Qui nous encombre les poumons
Et le cerveau et la raison
Qui tue la joie et le printemps

Le printemps dort dans un abri
Il sera mort à l'horizon
Du vingt et un du mois qui vient
Sans avoir arrosé un champ

Le bonheur bleu est en partance
Pour un nuage voyageur
Ne restent là que des cités
Criblées de pustules en fleurs

Et l'on voit sur les boulevards
Des passants s'inquiéter de l'heure
Des immenses troupeaux de rats
Et des femmes qui prient en choeur

Une fumée traîne partout
Entre les mondes des vivants
Et des serpents qui se désossent
Au bord des rivières d'argent

C'est une brume sans fenêtre
Un plafond bas qui se répand
C'est le destin qui est commencé
D'un avanir pour les enfants

On enverra des types au front
A tous les fronts par tous les temps
Ils se battront encore longtemps
S'il reste encore de l'air à boire

Ils marcheront sur les oiseaux
Déjà dégringolés du vent
Ils tourneront comme des toupies
Au coin des rues sur les trottoirs

Ils se battront pour s'occuper
Juste assez pour passer le temps
Si ça n'est pas très important
C'est que le temps arrive au bout !

Une fumée traîne partout
Entre le monde des vivants
Et celui des morts qui s'étend
Sur une Terre qui s'en fout ...